Pouvoir et contre-pouvoir - السلطة و السلطة المضادة
Nous
avons vu précédemment la place du pouvoir juridictionnel dans la deuxième
république. Qu’en est-il pour les pouvoir législatif et exécutif ? Quelles
sont les règles apportées par la nouvelle Constitution afin de barrer la route
à tout abus de pouvoir ?
Ces
questions sont soulevées non seulement par l’autocratie que nous avons connue
pendant plus d’un demi-siècle, mais aussi par une phase transitoire parsemée de
plusieurs crises politiques notamment entre le chef du gouvernement et le
président de la république.
La
balance des compétences n’est plus en faveur du chef d’Etat comme c’était dans
le régime présidentiel, mais elle n’est pas non plus en faveur du chef du
gouvernement en toutes circonstances et en tous domaines.
Nous
avons distingué quatre cas de figure afin de pouvoir comparer les compétences
des sommets du pouvoir exécutif :
En
l’absence d’une crise politique ou de circonstances exceptionnelles, le partage
des compétences entre le chef du gouvernement et le président de la république
diffère selon la nature des domaines comme vous pouvez le voir sur les schémas
suivants :
Cliquez sur les images pour les agrandir
Nous
nous sommes particulièrement intéressés aux compétences conjointes dans les
domaines de la sécurité et de la défense nationales outre les relations
extérieures. Les compétences de l’un ou de l’autre sont censées harmoniser la
politique conjointement conçue. Vous pouvez visualiser cet équilibre en détails
dans la vidéo ci-dessous :
Pour consulter la vidéo en Français, cliquez ici
Nous
entendons dire par circonstances exceptionnelles toute situation de péril
imminent menaçant les institutions de la nation et la sécurité et
l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics, tel que défini par l’article 80 de la Constitution.
Ces
mesures exceptionnelles sont reconnues dans de nombreuses démocraties, dans le
but de contourner la catastrophe ou le danger imminent de la manière la plus
rapide possible. Nous vous invitons à en savoir plus sur ce cas dans
l’animation suivante :
Pour consulter la vidéo en Français, cliquez ici
La crise
politique est le propre de toute démocratie adoptant un régime
parlementaire ou mixte comme c’est le cas de notre deuxième république : le
gouvernement peut être questionné et remis en cause à tout moment par le
parlement qui lui a donné confiance.
Tandis
que le parlement est élu pour cinq ans, le gouvernement peut perdre son soutien, démissionner, ou encore se recomposer
pendant le mandat parlementaire.
De plus,
selon la nouvelle Constitution, le président de la république pourra solliciter
un vote de confiance au parlement afin de décider si le gouvernement peut
poursuivre ou non ses activités.
Pour consulter la vidéo en Français, cliquez ici
Dans des circonstances pareilles, le pouvoir législatif jouit d’un rôle de poids pour la résolution de toute crise politique appelant à la démission d’un gouvernement.
Le
parlement pourra même présenter une motion motivée à la Cour constitutionnelle
dans le but de révoquer le Président de la république pour violation manifeste
de la Constitution.
De ce
fait, le pouvoir législatif exerce un contrôle continu sur l’exécutif, mais
qu’en est-il du cas trivial où le gouvernement est défendu par la majorité
parlementaire ? Nous laissons la réponse aux experts juristes et à ceux
qui se sont penchés sur des expériences pareilles.
Le
parlement est le seul habilité à donner sa confiance, au nom du Peuple, à tel
ou tel gouvernement, et il est le seul pouvoir pouvant retirer cette confiance.
Selon
les articles 89 et 99 de la Constitution, le président de la république a la
prérogative de dissoudre le parlement et appeler à des élections législatives
anticipées si ce dernier ne parvient pas à remplir sa première fonction, à
savoir la formation d’un gouvernement et le vote de confiance après des délais
bien définis par les articles en question.
Les
schémas suivants s’efforceront de vous présenter une vue d’ensemble sur les
différents types de contrôle exercés par et sur chacun des deux pouvoirs en
question. Vous pouvez réaliser le rôle central de la Cour constitutionnelle,
composante essentielle du pouvoir juridictionnel, dans la gestion des conflits
entre ces parties.
Le
président de la république peut initier des projets de loi tout comme le chef
du gouvernement et les députés, mais il pourra du surcroît appeler ces députés
à une deuxième délibération du projet avant de le voter avec une majorité
améliorée atteignant les 3/5 des députés dans le cas des lois organiques.
Dans le
processus législatif expliqué en détail dans un autre article, le chef de l’Etat a aussi la possibilité de
proposer le projet de loi qui est lui est soumis au référendum.
Nous
pouvons ainsi deviner que le président de la république, en sa qualité
d’homme d’Etat et apolitique, a le droit
de modérer les projets de loi votés par la majorité parlementaire si ces
derniers ne sont pas assez consensuels et donc faiblement représentatifs de la
société tunisienne.
Avant les consensus
Après les consensus
Que se
passerait-il dans le cas de vacance provisoire ou définitive du poste du
président de la république et du chef du gouvernement ou encore durant les
vacances parlementaires ? Les articles 83 jusqu’à 86, en plus de l’article
100 ont prévu les différents cas de vacances et les procédures à suivre.
Avant
les consensus, le chef du gouvernement était habilité à prendre la place de
l’Assemblée en cas de sa dissolution, ce qui n’est plus le cas dans le nouveau
schéma.
Dans
l’absolu, le chef du gouvernement peut jouer en même temps le rôle du président
de la république et celui du parlement.
Toutefois,
cette coïncidence plausible ne permettra pas au chef du gouvernement d’initier
une révision constitutionnelle, d’appeler à un référendum, de dissoudre
l’assemblée, ou de toucher au système électoral. Aussitôt que le pouvoir
législatif reprend ses travaux, tous les décrets-lois émis par le chef du
gouvernement devront être approuvés.
Désormais,
la politique financière du pays sera conçue et réglée par les partis au pouvoir
conjointement avec l’opposition, de quoi modérer les choix du gouvernement et
créer un certain consensus.
En
effet, la présidence de la commission des finances au sein du parlement sera
désormais assignée obligatoirement à l’opposition qui a aussi le droit d’occuper
le poste du secrétariat général de la commission des relations extérieures
chargée entre autres de la coopération internationale.
D’autre
part, l’opposition pourra créer et présider une commission d’enquête tous les
ans. Nous pouvons citer comme exemple la commission d’enquête sur les
évènements du 9 avril 2012 où le gouvernement était soupçonné d’usage
disproportionné de la force, la commission était présidée par Zied Lâadhari,
membre du bloc majoritaire.
Finalement,
nous rajoutons que le pouvoir exécutif ne pourra réglementer ni le processus
électoral, ni le secteur des mass-médias, suite à la constitutionnalisation des
instances indépendantes des élections (ISIE) et de l’audio-visuel (HAICA), les
deux sont déjà en place. Dans la suite, nous allons faire le tour du
chapitre 6 consacré aux différentes instances indépendantes pour promouvoir la
démocratie et la transparence.
Pouvoir et contre-pouvoir - السلطة و السلطة المضادة
Reviewed by Khalil Gdoura
on
Tuesday, March 04, 2014
Rating:
Excellent !...
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