Rétro : Le Découpage des Districts En Tunisie Aurait Eté Inspiré Par Une Etude Datant de 2012
Le découpage surprise des districts, comme bien d'autres décisions unilatérales et critiques, ne cesse d'alimenter les débats et défrayer la chronique! Certains commentaires ont des allures satiriques.
Il nous semble opportun de rappeler qu'aux origines de cette cartographie atypique, réside une étude prospectiviste ficelée par l'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques, sous l'égide de la Présidence de la IIème République. Rétrospective.
Nous revenons sur cette proposition datant de 2012 (voici un lien pour la télécharger) argumentée à coup de statistiques. Il en découle le découpge suivant :
- le district de la Majerda comprenant les gouvernorats du Nord-Ouest (Jendouba, Kef, Siliana et Beja) en sus de Bizerte pour une ouverture sur l'industrie et le commerce international.
- le district de Carthage large des gouvernorats du Grand-Tunis en plus de Zaghouan.
- le district du Cap Bon-Sahel : En outre de Nabeul, Sousse, Monastir et Mahdia, nous retrouvons Kairouan, région des moins fortunées.
- le district du Grand Centre qui s'étend de Kasserine et Gafsa jusqu'à Sfax en passant par Sidi Bouzid.
- le district des Oasis et Ksour : Gouvernorats de Tozeur, Kebili, Tataouine, Medenine et Gabes.
Et de quelle manière?
" Pour définir les limités géographiques des cinq districts, nous retenons six critères qui se conforment à l’objectif de développement régional et qui se plient à la nécessité de former des ensembles cohérents et équilibrés sur le plan économique et politique :
- l’ancrage régional et international,
- la fonctionnalité,
- l’efficience,
- l’accessibilité,
- la proximité,
- l’équilibre.
L’ancrage régional et international : Il s’agit du premier critère qui découle directement du principe de complémentarité. Celui-ci conduit au couplage entre les territoires de l’intérieur et ceux du littoral. Afin d’insérer l’ensemble des districts dans le processus d’internationalisation voire de mondialisation de l’économie, les entités sont formées de manière à leur conférer un débouché sur la façade maritime et, si possible, une frontière avec un pays voisin.
La fonctionnalité : Ce critère renvoie à l’intensité de la mobilité des individus et des échanges de biens et de services autour d’une grande agglomération et entre les régions. Les districts doivent s’appuyer sur une grande agglomération potentielle, de façon à répondre aux exigences d’une économie moderne et ouverte sur le reste du monde. La traduction spatiale de la mondialisation n’est autre que la métropolisation.
Les centres urbains occupent une fonction stratégique en tant que lieux d’agglomération de populations, de richesses, de technologies et d’informations qui agissent directement sur la productivité et la compétitivité des territoires.
L’efficience : Ce troisième critère se rapporte à la taille des districts en termes de superficie, de population et de nombre de régions à incorporer. La taille doit être efficiente, c’est-à-dire être suffisamment importante pour réaliser des économies d’échelle dans la production de biens et de services publiques, pour procurer au district une diversité de potentialités propres et, finalement, pour assurer l’efficacité des politiques de développement.
L’accessibilité : Il s’agit d’un critère qui fait référence aux contraintes physiques liées aux déplacements en transport des individus au sein d’un district, en vue de travailler ou de réaliser des affaires économiques ou financières, d’accomplir des formalités administratives ou d’avoir accès à un service public. Ce critère exige que le temps nécessaire pour parcourir la distance entre un point quelconque dans le district et la capitale du district doit permettre d’effectuer un aller-retour et de réaliser les transactions économiques ou financières qui ont motivé le déplacement.
La proximité : le cinquième critère se rapporte à des considérations d’ordre socioculturel. Il convient de prendre en compte, dans la formation des districts, les affinités relationnelles qui existent entre des populations de régions différentes. Ces affinités s’expriment notamment lors des migrations inter-gouvernorats puisqu’elles amènent des individus à privilégier certaines régions plutôt que d’autres, en dehors de leur région d’origine.
L’équilibre : Ce dernier critère instaure une contrainte d’équilibre sur le plan économique et politique. Le découpage du territoire national en districts doit aboutir à la formation d’ensembles équilibrés qui disposent tous des mêmes potentialités de développement économiques et d’une taille démographique proche. De cette manière, le risque de voir des entités ayant un poids et un pouvoir prépondérant reléguer au second rang les autres districts est écarté.
Evidemment, les six critères exposés ci-dessous ne peuvent pas être tous satisfaits simultanément de manière optimale. L’objectif du découpage territorial en district est de se rapprocher le plus possibles de la totalité de ces critères. "
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