Combien de Tunisiens ont péri dans le conflit syrien ?

La tragédie ne date pas d'aujourd'hui, mais la semaine  dernière a été particulièrement mouvementée par des débats et des reportages quasi-quotidiens dans tous les médias pour élucider les dessous de l'affaire des combattants tunisiens qui ne cessent de rejoindre la guerre sanglante en Syrie. 

Nous avons souhaité avoir une idée sur l'ampleur de ce phénomène et ses retombées, tout en évitant de rentrer dans le pourquoi et se perdre en hypothèses. 

Au bout de quelques recherches, nous devons reconnaître que la quantification est une tâche encore plus difficile et sujette à controverses. 

Combien de Tunisiens ont rejoint l'opposition armée en Syrie ?

Tout d'abord, il n'y a quasiment aucune source susceptible d'approcher le nombre de départs des Tunisiens vers la Syrie. Interrogé et critiqué sur le laisser-passer des autorités tunisiennes, l'ex-ministre de l'Intérieur a confirmé que malgré que les nouveaux "recrutés" prennent le plus souvent le chemin de la Turquie ou de la Lybie avant d'aller en Syrie, rien ne peut confirmer leurs intentions. L'Etat post-révolutionnaire ne peut mettre en doute un voyage touristique ou d'affaire. 

Combien en avons-nous perdu ? 

Grâce à une base de données interactive et constamment mise à jour, SyriaSuhada.com, nous avons pu dresser le nombre de morts par nationalité. Depuis le déclenchement des protestations en Syrie en Mars 2011, 9 Tunisiens ont péri. Nous n'avons même pas d'idée s'ils sont tous des combattants ou bien s'il y a parmi eux des simples expatriés. 

Guerre des chiffres

Février dernier, quelques médias ont relayé le massacre de 132 Tunisiens dans la seule ville d'Alep prise d'assaut par les forces pro-Assad. Nous pouvons notamment citer cette source, où la nouvelle a été reprise par Magharebia.

Rappelons le contexte de ce génocide : les forces gouvernementales ont tenté à cette période de reprendre le contrôle de la capitale économique du pays. En examinant le site d'information qui parlait des 132 morts dans les rangs des djihadistes, on peut aisément remarquer qu'il s'agit d'un site d'informations qui sympathise avec la Syrie baathiste, le Vénézuela, et autres pays faisant front contre "l'impérialisme  occidental".

Par conséquent, il peut y avoir une certaine manipulation. Diffuser un chiffre aussi catastrophique peut être un essai pour démoraliser l'ennemi. 

Les statistiques de SyriaShuhada.com sont -elles erronnées ?

Nous avons contacté les responsables du site qui nous confirmé que leur base de données s'appuie sur plusieurs sources crédibles et vraisemblablement indépendantes des deux camps. 

لا شك أن هذا الرقم هو فقط الذي استطاع الشباب على الأرض التثبت منه.
ولا شك أن الرقم أكبر من هذا ، ولكن هل يصل إلى عشرات عديدة ، لا أعتقد.
ولكن للأسف لا توجد عندنا طريقة للتثب أكثر من هذا.

Cela n'empêche de croire que le nombre de morts (Tunisiens et non-Syriens en général) avancé par SyrianShuhada.com est relativement faible tenant compte de la férocité et de la longueur de la guerre qui vient d'entamer sa 3ème année. our la Tunisie comme pour les autres nationalités étrangères.

La réponse pourraît résider dans la réalité du terrain, tellement divisé entre les factions. L'opposition réconfortée par l'Armée Syrienne Libre n'est pas le seul adversaire des troupes gouvernementales. Il y en a plusieurs groupes armés assimilant le combat au djihad où :

- La nationalité ne compte pas : les Djihadistes Tunisiens comme d'autres seraient plus favorables à rejoindre ces groupes que l'Armée Syrienne Libre. 

- La mort ne compte pas : les combattants islamistes notamment dans les rangs de "جبهة النصرة" sont reconnus par les observateurs comme étant assez disciplinés et déterminés. Le recrutement et l'infiltration des milices est continu depuis que le gouvernement syrien a perdu le contrôle de ses frontières avec la Turquie et l'Irak.

Nous avons de quoi croire que le nombre de morts Tunisiens et autres étrangers (à la Syrie) est bien plus grand quand on se rappelle que les insurgés sont divisé voire même rivaux entre eux selon plus d'un observateur.

Nous souhaitons au final que ces chiffres s'annuleront un jour, bientôt.